
Phuket face au pire déluge de drogue de son histoire
PHUKET : Phuket fait face à la pire situation dans sa lutte contre la drogue alors que plus de drogues que jamais arrivent sur l'île et que la police arrête en moyenne 23 personnes par jours pour des faits de drogue depuis le début de l’année.
Drogue, Crime, Police, Armée,
Somporn Sripanrod, l’officiel du ministère de la santé publique en charge du Centre Provincial de Gestion et de Contrôle des Narcotiques de Phuket Provincial (Phuket-PNCME), a décrit très simplement l’étendu du problème “Aujourd’hui nous saisissons plus de drogue que jamais.”
Lors d’une réunion du PNCME en Octobre, présidée par le gouverneur de Phuket Phakaphong Tavipatana et le vice gouverneur de Phuket Supoj Rotreuang Na Nongkhai, on révélait que plus de 7,000 arrestations avaient été réalisées pour des faits de drogues entre le 1er Janvier et le 30 Septembre, soit une moyenne de 23 personnes arrêtées chaque jour.
Bien que certains secteurs concentrent certains types de drogues plus que d’autres, M. Somporn rappelle que le problème concerne la totalité de l'île. “Différents types de drogues sont découverts dans les trois districts de l'île, les jeunes sont plus enclins à posséder du kratom et de la ya bah (cachets de méthamphétamine)” dit il.
Pour le vice gouverneur Supoj, le problème est simple “Les statistiques des arrestations confirment que les chiffres augmentent.”
Le vice gouverneur Supoj pense que l’explosion de la consommation de drogue est due aux dealers et aux distributeurs qui cassent les prix pour rendre leurs produits plus attractifs, incitant de plus en plus de personnes à les acheter.
“C’est particulièrement vrai avec la ya bah et la ya ice (crystal meth)” déclarait récemment le vice gouverneur Supoj lors d’une réunion stratégique anti drogue. “La cause, c’est le prix de la drogue qui a extrêmement baissé” ajoutait il.
Les distributeurs inondent l'île grâce à tous les moyens de distributions possibles pour faire entrer leurs drogues sur l'île, en voiture, en pickup, en camion ou en van par le checkpoint de Phuket, par bateau, par transports publics avec les car inter provinces, et maintenant via les compagnies de livraison.
“Les ‘nouveaux’ dealers demandent même aux adolescents de transporter les drogues. Un dealer a utilisé un enfant de seulement 12 ans” indiquait le vice gouverneur Supoj.
Cette épidémie a initié une nouvelle stratégie de lutte contre la drogue en faisant appel aux responsables des communautés de l'île.
Le major général Nantadech Yoinuan, commandant adjoint de la Police de la Région 8, a expliqué que la police se concentrait sur trois ‘risques principaux’ :
1) les personnes à risque – les personnes déjà arrêtées et condamnées pour des faits de drogue, les adolescents de familles à problèmes;
2) les comportements à risque – les pressions exercées et les comportements rebelles parmi les jeunes;
3) les endroits à risque – les quartier pauvres et les clubs de Phuket.
L’offensive anti drogue propose une contre attaque en trois points: Défense, Suppression, Réhabilitation.
Le plan de Défense consiste à désigner des villages (ou quartiers) spécifiques et à y développer un ‘réseau’ parmi la communauté – chaque poste de police de l'île sera chargé de 10 ‘réseaux’.
“Cet aspect de la campagne a pour objectif de déclarer chaque zone ‘village franc’. C’est la stratégie soutenu par le gouvernement à l’heure actuelle. Le but est de réduire la prévalence des drogues dans ces zones sous trois mois” a expliqué le général Nantadech.
“Cela doit permettre de résoudre le problème en trois mois, et j’attends que dans un an nous verrons des changements positifs” poursuit le général Nantadech.
Le plan de Suppression se base sur un renforcement des efforts d’information menant à des perquisitions des arrestations et des saisies, avec certaines zones surveillées 24h/24, a t il ajouté.
Toutefois, le général n’a fourni aucune explication quant au plan de Réhabilitation proposé, et ne sait que très peu de chose au sujet des milliers de personnes déjà arrêtées cette année.
Il a suggéré que ceux arrêtés en début d’année pour possession de drogue ont dû s'acquitter d’une amende ou ont été condamnés à des peines avec sursis, mais il assure que “Chaque personne arrêtée pour vente de drogue – peu importe la quantité – a été condamnée à un peine de prison ferme.
“Si la prison de Phuket est pleine, ils seront envoyés dans la prison d’une province voisine” a t il ajouté.
D’un autre côté, la campagne de sensibilisation de la jeunesse aux dangers de la drogue se poursuit, a indiqué le général Nantadech.
Le kratom est de loin la drogue la plus populaire auprès des jeunes, explique M. Somporn. “Parce qu’elle est moins chère que la méthamphétamine et plus facile à trouver que les autres drogues” dit il.
“Les jeunes peuvent facilement trouver du kratom car c’est une drogue bon marché ou que l’on peut même faire pousser en cachette dans les collines ou dans les plantations d’hévéas” ajoute t il.
Cependant la popularité du kratom auprès des jeunes n’augmente pas beaucoup en raison de l’effet faiblement stimulant de mâcher ses feuilles, comme on le fait traditionnellement en Thaïlande depuis des siècles ou la plante pousse naturellement – pour cela les jeunes le mélange avec un élixir qu’ils appellent ‘4x100’ pour un effet plus puissant.
“Quand les adolescents ont du kratom, ils le mélangent avec d’autres ingredients such comme du sirop pour la toux, du Coca-Cola ou d’autres produits pour faire du ‘Si Kun Roy’” explique M. Somporn.
“Ce Si Kun Roy est l’une des drogues les plus fréquemment saisies par la police” continue t il.
La différence entre mâcher des feuilles et boire du 4x100 est phénoménale. L’un des crimes les plus abominables commis à Phuket concerne cette drogue, quand en Avril l’an dernier un homme a pendu sa petite fille de 11 mois avant de se donner la mort, le tout diffusé en direct sur Facebook Live. Sur la vidéo on voit l’homme consommer des gorger de cette boisson à base de kratom.
Pour le général Nantadech, la lutte contre la consommation de kratom dépend beaucoup des chefs de villages.
“La police est en contact avec les chefs de villages et les officiels, ce sont eux qui sont en première ligne de cette lutte contre le kratom dans leurs villages, et la police est la pour les soutenir” dit il.
“Mais pour être vraiment efficace nous avons besoin que tout le monde soit attentif à ce qu’il se passe dans son quartier. Le public peut signaler des faits de drogue de nombreuses manières, également en appelant le 191 (hotline de la police nationale).”
Article original : Tavee Adam / The Phuket News