
Opinion : Traquer les birmans
PHUKET : Le récent appel à traquer les birmans soupçonnés d’importer le COVID-19 à Phuket démontre parfaitement l’attitude de la bureaucratie face au travail légal et bon marché de Phuket.
L’ordre de “traquer” les nouveaux arrivants sur l'île depuis le voisin occidental a été transmis en début de semaine, plus de trois mois après que des mesures plus sérieuses aient été prises à Phang Nga, province voisine au nord de Phuket.
Ces mesures avaient été décidées par le gouverneur de la province Chamroen Tipayapongtada, ancien gouverneur de Phuket, aimé et apprécié lors de son mandat sur l'île pour ses approches pleines de bon sens face aux problèmes rencontrés. Il faut signaler qu’il est bien plus jeune que les autres gouverneurs.
M. Chamroen sait très bien comment les travailleurs migrants arrivent à Phuket, et que tout travailleur migrant se rendant à Phuket doit d’abord traverser Phang Nga.
Ses ordres aux officiels de Phang Nga comprenaient des avertissements sérieux contre les employeurs qui faisaient travailler des travailleurs migrants illégaux et menaçaient de sérieuses poursuites les officiels responsables de secteurs où des travailleurs migrants illégaux seraient retrouvés.
Pendant ce temps, pendant des mois, les officiels de Phuket ne faisaient rien. Impossible de croire à une coïncidence. L’application de ces mesures à Phuket n’est due qu’à un ordre direct du premier ministre.
Les travailleurs birmans sont de longue date la colonne vertébrale du développement de Phuket depuis ces vingt dernières années. Le gouvernement souhaiterait ne parler que des investisseurs et des nouvelles constructions, sans jamais mentionner l’importance de ces travailleurs pour les entreprises de Phuket, malgré le fait qu’ils vivent dans des conditions misérables même s’ils travaillent pour les municipalités locales à faire les travaux que tant de thaïs refusent.
Avant la crise du COVID, la dépendance envers les travailleurs birmans et leurs faibles salaires concernait tous les secteurs économiques de l'île. Partout où vous alliez vous voyiez des birmans, dans les restaurants, dans les magasins – et ils n’étaient que ce que vous pouviez voir. Alors que Phuket tente de sortir de son trou économique dans lequel elle se trouve, il est difficile de voir cette dépendance disparaître.
Selon le Bureau du Travail de Phuket, il y a 59,000 travailleurs migrants sur l'île, et 80% d’entre eux sont birmans. Bien sûr les officiels doivent cibler des communautés représentant les plus gros risques d’importation du COVID-19 sur l'île, mais l’attitude derrière cette approche est épouvantable. Ces “voisins en visite”, dont de nombreux vivent à Phuket depuis des années, ne doivent pas être considérés comme acquis.
Article original : The Phuket News
https://www.thephuketnews.com/phuket-opinion-chasing-myanmar-78218.php