
Opinion : Prendre le Taureau par les Cornes
PHUKET : Autoriser les touristes nationaux à revenir à Phuket dès mercredi 8 Septembre pourrait bien être vu comme un tournant dans la politique de lutte contre le COVID-19 sur l'île.
Dès mercredi, les voyageurs nationaux seront autorisés à entrer à Phuket, sur présentation d’une preuve de vaccination et d’un test négatif de moins de 72 heures avant l’arrivée. Ils doivent également présenter la preuve d’une réservation prépayée dans un hôtel, et être testé contre le COVID-19 le cinquième jour de leur séjour s’ils restent plus de sept jours.
Par ailleurs, et on l’oublie souvent dans l’excitation de telles annonces, tous les visiteurs qui entrent à Phuket doivent inscrire les informations de leur voyage sur le site gophuget.com, et présenter leur QR code aux officiers de Contrôle des Maladies Contagieuses du checkpoint avant d’entrer à Phuket.
Un changement de politique arrive, peut être pas une grande surprise car la pression est montée à Bangkok au cours des dernières semaines, au moment où le premier ministre Prayut Chan-o-cha admet enfin qu’il va falloir “apprendre à vivre en sécurité avec le COVID-19”.
Ils l’ont dit pendant toute une année, répétant que tout le monde devait apprendre à vivre dans la “Nouvelle Normalité”, sans pour autant être parvenu à le mettre en pratique. A chaque tournant, une augmentation d’infections locales entraîne une réaction impulsive. Jusqu’à présent la “Nouvelle Normalité” a consisté à dire aux gens de ne pas paniquer, puis de paniquer et de tout fermer.
Mais tout ceci est peut-être sur le point de changer. Les officiels savent que le nombre d’infections sur l'île va augmenter après mercredi quelles que soient les conditions d’entrée dans la province. Les infections que nous avons maintenant sont celles des restrictions plus strictes maintenant en place. Le variant Delta a été apporté sur l'île par les mêmes groupes de personnes qui sont déjà autorisées à entrer, avant la l’assouplissement de mercredi.
L’essentiel des mesures de prévention COVID décrétées dans le reste du monde avait pour objectif de prévenir la submersion du système de santé, et donc des morts inutiles. Ça a toujours un sens. Cependant, les politiques appliquées se concentraient sur la vaine tentative de prévenir les infections. C’est impossible.
Tout ça vient de Bangkok, où les officiels font face à de très nombreuses populations vivant dans de très petites zones. L'interdiction de l’alcool dans les restaurants vient de Bangkok, et les “Centres d’Accueil COVID” de Phuket ont été lancés quand les officiels de Bangkok ont annoncé leur politique d’“Isolation Communautaire”. Non pas que les officiels de Phuket pointeraient du doigt leurs patrons de Bangkok pour de telles politiques. En Thaïlande, tenir ses supérieurs responsables de leurs décisions ne se fait pas.
Ce que les officiels de Phuket ne font pas et qui permettrait de grands progrès pour atteindre l’objectif de “renforcer la confiance” des touristes et la population, est l’annonce de chiffres clairs pour que la population comprenne le risque de l’infection sur l'île.
Depuis le 1er Août, les officiels de Phuket ont enregistré plus de 4,200 nouveaux cas confirmés d’infection de COVID-19 sur l'île. Mais pendant tout le mois dernier le nombre total de patients ‘rouges (patients souffrant de symptômes graves de l’infection) n’a jamais dépassé les 34. Évidemment ces 34 patients ont besoin des meilleurs soins médicaux, mais ce chiffre n’est pas un motif d’alerte pour l'île.
De la même manière, la semaine dernière le nombre de patients ‘jaunes’ n’a pas dépassé les 316, après avoir atteint un maximum de 327 le 28 Aout. Ici aussi, ces patients ont besoin d’un traitement médical au cas où leur santé se détériore, mais ils ne sont pas dans un état critique. Avant le -COVID-19, ces patients auraient été des patients normaux souffrant d’une grosse infection pulmonaire. Pas super, mais pas inhabituel.
Un élément qui n’aide pas à comprendre comment Phuket est préparée à faire face à une augmentation des infections graves est le nombre de lits COVID annoncé dans chaque rapport. Une augmentation de plus de 400 “lits d’hôpitaux” – un nouvel hôpital complet qui apparaît dans la nuit – ajoutée au nombre total de lits COVID, sans aucune explication, n’inspire pas confiance.
Pour ajouter à la confusion, l’“Isolation Communautaire” incrustée à l’occupation des lits d’hôpitaux sans expliquer combien des personnes retenues dans les Centres d’Accueil COVID-19 n’ont pas été confirmées infectées.
Pire, Phuket comptait officiellement 20 décès attribués au COVID-19 depuis le 3 Avril. Huit sont survenus le mois dernier. La politique actuelle de ne pas révéler les circonstances de ces décès ne fait rien pour inspirer la confiance, car personne ne sait si il est dans une zone à risque. Les gens ont tendance à craindre ce qu’ils ne savent pas.
Mercredi sera peut être le début d’une vraie “Nouvelle Normalité” à Phuket, sans ignorer que les officiels semblent maintenant admettre que leurs mains sont liées et forcées par les difficultés financières qu'entraînent les politiques de prévention COVID-19, et que ces politique font plus de mal que de bien. L’ironie est que l’assouplissement des restrictions d’entrée à Phuket pourraient bien être le résultat de la pression ressentie à Bangkok. On verra.
Article original : The Phuket News
https://www.thephuketnews.com/phuket-opinion-biting-the-bullet-81293.php