Opinion : L’orage couve
PHUKET : Les mesures d’aides et de soutiens financiers pour les employés et les entreprises affectées par les confinements des provinces ‘écarlates’ en raison des risques de propagation du COVID ont été annoncées d’une manière qui snobe le reste du pays.
Le Bureau National de la Sécurité Sociale (SSO) annonçait le 21 Juillet une série de mesures d’aides destinées aux personnes faisant face à des problèmes financiers dans les zones ‘écarlates’. Ces aides vont de B2,500 à B5,000 pour certains, et de B7,500 à B10,000 pour d’autres, selon les circonstances. Pour consulter la totalité des mesures d’aide proposées (en thaï), cliquez ici.
Bien sûr, toutes les aides devraient aller aux personnes dans le besoin et souffrant de circonstances qui ne sont pas de leur ressort, mais ces dernières mesures annoncées par le SSO arrivent seulement neuf jours après la mise en vigueur de mesures de “non confinement”.
A l’opposé, le secteur du divertissement de Phuket, y compris les simples pubs et bars, sont fermés depuis Avril, sans un iota de soutien spécial bien qu’ils se distinguent comme étant effectivement placés dans une ‘zone rouge’ rien qu’à eux. A Phuket, les seuls soutiens apportés à ces entreprises, et à leurs employés au chômage, ont été des mesures d’aides proposées aux entreprises et aux employés du pays en raison de la “situation économique”, qui est maintenant reconnue par les agences de presse d’état comme une ‘crise économique’.
Comme le savent déjà les entrepreneurs et les employés de Phuket, et comme le reconnaissent depuis longtemps les principaux représentants du tourisme à Phuket, la réalité d’obtenir des prêts préférentiels et de bénéficier des mesures d’aides est bien plus compliqué que ce que les officiels du gouvernement veulent bien admettre – et le secteur du divertissement de Phuket n’est pas le seul à en pâtir, comme le prouve les efforts de la campagne alimentaire One Phuket ou de celle de l’Organisation Administrative Provinciale de Phuket (PPAO ou OrBorJor), dont la campagne a été lancée à l’initiative de Rewat Areerob, président du PPAO, et non d’une campagne à l’initiative des officiels nommés par Bangkok au Bureau Provincial de Phuket.
Ce n’est pas comme si le gouvernement national ne connaissait pas l’ampleur de la crise financière et son impact sur la population. Selon Bank of Thailand, la dette des ménages thaïs au premier trimestre de l’année avait augmenté à B14.1 billions, soit 90.5% du PIB. Et le projet ‘Ying Chai Ying Dai’ (dépensez plus, recevez plus), destiné à stimuler les dépenses publiques entre fin Septembre et fin Novembre, ne fonctionne que pour ceux qui ont encore de l’argent à dépenser.
Dans le cadre du modèle du ‘bac à sable’ de Phuket, personnes n’attendait des hordes de touristes, et l'état des infections ailleurs n’a rien aidé. Même Yuthasak Supasorn, gouverneur de l’Autorité du Tourisme de Thaïlande (TAT), avant le lancement du ‘bac à sable’ le 1er Juillet, admettait que le nombre de touristes serait faible.
L’idée était d’utiliser Phuket comme un test. Ce n’est pas un secret. Mais même les 18,000 arrivées prévues par la TAT en un mois ont pris du plomb dans l’aile. Samedi, la TAT elle-même rapportait que le 23 Juillet 10,209 étaient arrivées à Phuket dans le cadre du ‘bac à sable’ depuis son ouverture. Il reste sept jours pour combler les 43% restants.
Avec leurs propres chiffres prouvant le peu d’aide apportée par le ‘bac à sable’, les officiels continuent à tenir le haut de l’affiche avec les chiffres quotidiens du ‘bac à sable’ tout en continuant d’ignorer l’état catastrophique de l’économie de l'île comme si l’espoir seul allait mettre à manger dans l’assiette. D’après les aveux des officiels nationaux eux même, avant le lancement du ‘bac à sable’, Phuket était en profonde crise financière, et aujourd’hui ils continuent à donner des chiffres indiquant que les fruits du ‘bac à sable’ vont arriver. Il semble que les officiels s’accordent que la population ne remarquera pas ce paradoxe, comme s’ils ne le mentionnaient pas le problème n’existerait pas.
Avec l'accélération des aides destinées aux habitants de la capitale et de sa périphérie, il est impressionnant de voir à quelle vitesse le gouvernement central déploie ses mesures d’aides financières quand les personnes en difficulté sont juste à votre porte. Peut être que le pouvoir n’aime pas voir la réalité en face en allant travailler. Pour beaucoup d’habitants de Phuket, après 18 mois, ce n’est qu’une journée de plus.
Les murmures d’insatisfaction se font de plus en plus entendre à Phuket, et les ‘pitreries’ du gouvernement central pendant la crise se muent en quelque chose que les chiffres nationaux voudraient vouloir éviter. Phuket n’a jamais été une province hyper politisée, contrairement à d’autres provinces du nord-est. Les habitants de Phuket descendent rarement dans les rues pour exprimer leur mécontentement, mais cette fois on le sent venir.
Article original : The Phuket News
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