
Opinion : l’Honnêteté écrasée
PHUKET : Alors que la poussière est retombée après l’effondrement d’un bâtiment en construction, qui a coûté la vie à sept ouvriers et en a blessé deux autres, la bureaucratie thaïe montre encore et toujours la même insensibilité – les familles seront dédommagées, comme si c’était la principale priorité après la mort de sept personnes, écrasées sous une dalle de béton.
Les officiels concernés par la catastrophe, avaient déjà gagné de l’expérience dans ce type de situation avec trois mois auparavant un effondrement dans un condo en construction à Rawai qui avait couté la vie à trois ouvriers birmans.
Mais cette fois les premiers échos étaient différents, avec notamment l’assurance que des dédommagements seraient versés “même si les ouvriers ne sont pas déclarés”. Aucune autre explication n’a été donnée.
Même la marine et les officiels maritimes qui mènent des interventions sur des bateaux de pêche sont fiers de prouver que toutes les personnes à bord sont ‘légales’. Mais pas cette fois, et le silence sur ce problème est inquiétant.
Seulement neuf jours après l’effondrement de la construction de Rawai, le Bureau Provincial de l’Emploi de Phuket (PPEO) tenait un séminaire décrit par le chef du PPEO Kattiya Pandech comme servant à “informer les compagnies privées, les officiers administratifs locaux, les responsables de communautés, les ONG, les médias et le public des procédures et des documents nécessaires pour déclarer un travailleur migrant”.
Comme si c’était nécessaire après en avoir tué trois. Cela met en évidence l’éthique dans l’industrie de la construction. Et tout cela seulement 18 mois après un “Décret d’Urgence” pour lutter contre “l’importation illégale” – donc, le trafic – de travailleurs birmans.
Alors que ce décret de 2017 a vu des centaines, si ce ne sont pas des milliers, de travailleurs birmans de Phuket abandonnés par leurs employeurs illégaux, les USA somment encore une fois la Thaïlande de mieux garantir les droits des travailleurs, sous peine de sanctions économiques.
Ce n’est que le mois dernier que le Ministère des Affaires Etrangères publiait une déclaration à l’attention de la scène internationale indiquant que la Thaïlande renforçait ses efforts de protection des travailleurs. Un employeur qui emploie un travailleur migrant illégal risque une peine de prison d’un an et une amende de B50,000 à B200,000 par travailleur – et sera interdit d’engager d’autres travailleurs migrants pendant une durée de trois ans.
“Cela permet d’assurer la protection et de garantir les droits des travailleurs migrants, conformément aux normes internationales” disait la déclaration.
Et bien Thaïlande, il est temps de prouver que ce n’était pas des paroles en l’air.
Article original : The Phuket News