
Opinion : Le tram peut attendre
PHUKET : Les officiels de l’Autorité des Transports de Masse Rapide (MRTA) devraient freiner sur la poursuite du ‘Système de Transit de Masse de Phuket’, au moins pour l’instant, et voici quelques bonnes raisons de le faire.
Si les officiels de Phuket n’insistent pas pour faire avancer le projet immédiatement, ayant les yeux rivés sur comment aider à améliorer l’économie et soulager les souffrances financières de l'île aussi rapidement que possible, les mégaprojets chiffrés à plusieurs milliards de bahts peuvent tranquillement s’installer au fond du bus.
Comme ça a été soulevé lors de la réunion publique d’information tenue à Phuket Town la semaine dernière, le plan actuel est de ne pas commencer la construction avant 2023, avec en vue une ouverture du service en 2026. Quelle que soit la position touristique de Phuket à cette date, il est très peu probable que l'île ait besoin d’un tel système de transport en commun d’ici là.
Les prédictions des experts ne tablent pas sur un recouvrement de l’industrie touristique de Phuket à des niveaux satisfaisants pas avant 2023, mais pas encore aux niveaux pre-COVID. Même avant l’épidémie, le volume de touristes visitant l'île s’est effondré en comparaison aux grands jours du tourisme de masse, notamment depuis la Chine, quand le système de transport en commun a été proposé pour la première fois. A cette époque, cette vision correspondait à l’augmentation du trafic et le détournait de la route la plus fréquentée et la plus dangereuse de Phuket.
Phuket a besoin de nouvelles options de transports terrestres, ça ne fait aucun doute. L'île s’est développée très rapidement sans mettre en place de système de routes secondaires. Énoncé simplement, les conducteurs devraient pouvoir emprunter des petites routes ou l’autoroute du centre de l'île.
Pour ceux qui se souviennent, le système de transit de masse de Phuket avait gagné les faveurs de Bangkok après le blocage pendant sept heures de Thepkrasattri Rd par une foule en colère à Mai Khao après le viol d’une femme enceinte par deux jumeaux de 17 ans en 2014.
Le blocage avait forcé la fermeture de Thepkrasattri Rd, provoquant des embouteillages de 10 kilomètres dans les deux sens de circulation et piégeant quelques 10,000 automobilistes dans leur véhicule, parmi lesquels des touristes qui avaient raté leur vol. Une telle chose ne pouvait plus jamais se reproduire. La réponse : un mégaprojet à B35 milliards de construction d’un système de transports en commun ferrés.
Mais continuer à avancer maintenant même avec une réunion publique sur les plans actuels du projet reste un très mauvais timing. Il n’y a aucune urgence à un tel projet à Phuket. Tout le monde comprend la nécessité de reconstruction, tout le monde comprend que les créations d’emploi qu’impliquent un tel projet et les bénéfices pour l’économie sur le long terme – mais même avec ça ça peut attendre.
Quand la compagnie commencera à embaucher pour la construction du projet, la majorité de l'île aura récupéré grâce au tourisme. Les B35 milliards budgétés pour le projet peuvent être utilisés à des besoins beaucoup urgents.
Toutes les explications bancales disant que les fonds ont déjà été alloués peuvent passer à la trappe. Le gouvernement national a déjà redirigé des milliards de bahts de projet non urgents pour financer ses programmes d’assistance de crise COVID.
Toutes les remarques disant que retrouver le budget plus tard peuvent aussi passer à la trappe. Selon les chiffres des officiels du tourisme, avant l’épidémie Phuket pouvait financer les B35 milliards requis plus de dix fois en une seule année, si les revenus du tourisme générés sur l'île restaient sur l'île.
Le plus intéressant est la répartition financière des B35 milliards de ce projet, qui donnerait un éclairage intéressant sur la motivation derrière ce projet et le besoin de le lancer le plus rapidement qu’il est possible de penser.
D’après la description du projet publiée sur le site de la MRTA, sur les B35 milliards budgétés, B1.499 milliards doivent servir à l’acquisition des terrains nécessaires et B24.774 milliards à payer sa construction.
Ensuite B3.514 milliards doivent servir à l’installation du système électrique de d’alimentation des trams, et B2.921 milliards à l’achat des trams eux-mêmes.
Enfin la somme colossale de B1.065 milliards a été prévue pour les “frais de supervision de la construction par des consultants”.
A noter, cette somme ne doit pas servir à des services auxiliaires nécessaires mais à d’autres services dont le coût n’a pas été fixé. Tous les grands projets dépassent d’une manière ou d’une autre, et une importante augmentation des coûts arrive souvent sans prévenir. Mais ce sera couvert par B1.428 milliards supplémentaires prévus pour de tels besoins comme “somme prévisionnelle” déjà inclue dans le budget.
Ces B1.065 milliards serviront uniquement à la supervision de la construction et aux frais des cabinets de conseil. Avec une durée de construction fixée à trois ans, cela fait un peu moins de B1 million par jour, chaque jour, pendant trois ans, qu’il pleuve ou pas, et même en passant les dimanches à ne rien faire.
Si c’est comme ça, quand le projet sera enfin lancé, Phuket verra le plus grand afflux des plus talentueux responsables et consultants du monde – ou de personnes impliquées dans le projet comme s’ils avaient gagné à la loterie.
Article original : The Phuket News
https://www.thephuketnews.com/phuket-opinion-the-light-rail-can-wait-82021.php