
Opinion : Le problème d’être responsable de tout
PHUKET : Cette semaine nous allons faire quelque chose qu’on ne fait pas souvent : nous allons défendre le gouverneur de Phuket Narong Woonciew.
L’assouplissement des restrictions d’entrée à Phuket, et l’assouplissement des restrictions qui interdisaient aux restaurants de servir de l’alcool et de présenter de la musique live, des mesures qui n’ont que trop tardé pour les habitants, n’est pas arrivé de nulle part et aussi rapidement que la sphère publique a voulu nous le présenter.
Il est impossible que le gouverneur adresse publiquement une requête écrite officielle et voit l’assouplissement des sanctions acté le lendemain. Ça ne se passe pas comme ça. L’assouplissement des restrictions en vigueur à Phuket n’a pas été instantané; ces sujets avaient déjà été discutés.
L’élément le plus pertinent que le gouverneur Narong a inclus dans sa lettre, au risque d’embarrasser ses supérieurs à Bangkok, était “... et comme les restaurants, les hôtels et les autres débits de nourriture et de boissons servent les touristes du ‘bac à sable’, les touristes sont affectés. Le service ne correspondant pas aux recommandations de promotion du tourisme à Phuket.”
Ici nous voyons bien l’énorme écart avec les officiels nommés par Bangkok et qui doivent suivre les ordres de leurs maîtres. Si le poste de gouverneur était un poste élu, en tant que politicien le gouverneur aurait informé la population de ses démarches et replacé la responsabilité auprès des responsables de ces règles.
Si les gouverneurs provinciaux peuvent appliquer des mesures de préventions plus strictes que celles du Centre d’Administration sur la Situation du COVID-19 (CCSA), dans le cadre du décret d’urgence, en tant que gouverneur, M. Narong n’est autorisé à assouplir aucune mesure sans le consentement de Bangkok.
Il doit suivre les ordres de ses supérieurs, et cela signifie ne pas dire qui exactement à Bangkok a décidé que les habitants de Phuket devaient continuer à souffrir de graves problèmes financiers à cause de la prolongation des mesures. Ceux qui pensent que le gouverneur devrait ‘casser les codes’ et simplement faire ce qu’il pense juste, même si ce que demandent les gens est plus mauvais que bon, pourraient ne pas comprendre que cela ne sert à rien. Il serait simplement remplacé par quelqu’un d’autre qui obéirait aux ordres, ce n’est pas un secret.
C’est le problème d’être responsable de tout ce qui se passe à Phuket quand tout doit être contrôlé et quand “au dessus” ils prennent des décisions pour lesquelles ils ne sont pas responsables.
Le rôle du gouverneur est de s’assurer que la politique décidée à Bangkok est appliquée à Phuket, et de transmettre les informations des habitants de Phuket jusqu’à Bangkok. Et le gouverneur Narong le fait. L’année dernière il s’est rendu à Bangkok en personne pour exprimer le message de la souffrance de l'île en raison des politiques de contrôle du COVID, et nous avons bien vu l’absence d’impact de la démarche. Ce n’est pas la faute du gouverneur.
Ça ne signifie pas que le gouverneur est à exempter de toute critique. C’est son boulot. Et ça n’excuse en rien l’administration nationale en place pour ses nombreuses défaillances. C’est juste pour expliquer la réalité du théâtre dans lequel évolue le gouverneur.
Et ça n’excuse pas non plus les krieng jai, l’habitude thaïe de ne pas déranger l’ordre social en mettant en cause une personne paraissant en position de supériorité, officielle ou sociale, mais qui est un aspect intégral de la culture thaïe.
Mais aujourd’hui beaucoup de thaïs pensent qu’il n’est pas impoli de poser des questions légitimes aux responsables sur les politiques qui ont un impact direct sur leurs vies. C’est la manière de poser ces questions qui est une question de politesse, pas le fait de les poser.
Article original : The Phuket News
https://www.thephuketnews.com/phuket-opinion-the-problem-with-being-held-responsible-for-everything-81589.php