
Opinion : Des excuses en carton
PHUKET : Il sera intéressant de voir l’issue de l’enquête sur l’école internationale de Rawai où deux étrangers ont été arrêtés pour travail illégal. Habituellement, aucune poursuite n’est engagée contre les employeurs de Phuket qui emploient illégalement des étrangers.
Les deux étrangers, britanniques, arrêtés mercredi par l’Immigration de Phuket qui avait obtenu des renseignements, ont rapidement été remis à la Police de Chalong qui est chargée d’enquêter sur la gestion de l’école.
Après des années passées à poursuivre tous les étrangers arrêtés par l’Immigration pour travail illégal, pas une seule fois des charges n’ont été retenues contre les compagnies qui profitaient de les employer illégalement.
Pour être clair, nous n’affirmons pas que l’école concernée est coupable. Cet incident reste encore très flou, surtout considérant que l’Immigration de Phuket admettait la semaine précédente avoir refusé des demandes de changement de statut de visa pour que les étrangers n’aient pas à quitter le pays pour pouvoir commencer à travailler – ce malgré un ordre du général Suwat Chaengyodsuk, commissaire adjoint de la Police Royale Thaïe et déjà nommé pour devenir le prochain chef de la police, ordre officiellement communiqué par une note du Ministère de l’Education. Apparemment l’Immigration de Phuket n’était pas au courant, et nous sommes sensés croire cela.
Les antécédents du Bureau de l’Immigration à ne pas poursuivre les compagnies qui emploient illégalement des occidentaux parlent d’eux même, malgré deux Décrets d’Urgence votés par le Parlement en 2017 aggravant les peines encourues par les employeurs qui abusent des droits des travailleurs.
Ces nouvelles peines avaient été instaurées sous la pression des USA qui voulaient forcer la Thaïlande à renforcer sa lutte contre le trafic d’êtres humains, pierre angulaire du travail illégal dans le pays. Depuis, par une incroyable coïncidence, chaque rapport rempli par les officiels maritimes qui inspectent les bateaux de pêche à Phuket et ailleurs ne signale plus un seul travailleur migrant illégal.
Dans les lois de 2017 sont précisées les peines encourues par un employeur qui conserve le permis de travail d’un étranger, et un paragraphe spécifique détaille la pratique illégale de tromper un étranger en lui disant qu’un permit de travail ou un visa ne sont pas nécessaires, ou si l’employeur s’engage à effectuer ces démarches sans jamais s’en occuper.
Ce qui est bizarre est que les officiels de l’immigration semble savoir que cette pratique est courante pour exploiter les étrangers provenant de pays moins développés, mais ne pas savoir que cette pratique est tout aussi facile a utiliser contre des occidentaux naïfs. Pourtant tout ce que nous entendons est que les étrangers seront poursuivis et déportés. Voilà l’avertissement donné aux étrangers qui pourraient envisager d’enfreindre les lois de l’immigration pour rester en Thaïlande.
Mais de tels avertissements ne sont jamais adressés aux employeurs. Par exemple cette année en Juillet, pendant l'amnistie des visas, un camerounais a été arrêté dans une académie de football de Phuket pour séjourner illégalement dans le pays depuis deux ans. Nous ne discutons pas ici si l’étranger a enfreint les lois de l’immigration, mais il est déconcertant que l’académie de football, une franchise représentant un club de football célèbre de Paris, n’a jamais été inquiétée de rien.
Les officiels de l’immigration ont expliqué lors d’une conférence de presse à Bangkok devant le commissaire général du Bureau de l’Immigration le lieutenant général Sompong Chingduang qu’ils avaient la preuve que le camerounais travaillait pour l’académie de football, et avaient procédé à l’arrestation. Comment l’académie de football pouvait ne pas savoir qu’il avait dépassé la validité de son visa défie toute logique.
En ce qui concerne les deux étrangers arrêtés à l’école de Rawai, la faille qui pourrait les disculper est sujette au impératifs archaïques du Bureau de l’Immigration qui imposent que les demandent soient remplies sur papier. Pour faire court, si un officier le décide, il n’y aura aucune preuve qu’une demande a été déposée. Bien, sûr, les demandes papier peuvent être facilement antidatées et cela peut créer de nouvelles ‘incompréhensions’, qui peuvent demander des ‘considérations spéciales’, mais cela reste possible.
Pendant que le Bureau de l’Immigration traîne des pieds pour passer au numérique, et qu’un étranger pourra prouver quelle demande il a déposé, quand il l’a déposée, et quels justificatifs il a fourni, tout reste à la discrétion de l’officier assis devant lui.
L’avantage des services en ligne – hormis éviter qu’un officier ne puisse interférer – sont incroyables. Sans oublier la bêtise d’avoir a donner des tonnes de documents photocopiés déjà transmis des centaines de fois, le plus drôle d’entre eux étant que pendant l’amnistie des visas une simple mise à jour de la base de donnée de l’immigration aurait éviter que les étrangers aient à se rendre dans les bureaux de l’immigration.
Nous pouvons tous deviner pourquoi l’Immigration choisit de maintenir son système papier, mais supposer que les étrangers n’y comprennent rien est simplement embarrassant.
Article original : The Phuket News
https://www.thephuketnews.com/phuket-opinion-paper-thin-excuses-77908.php