PHUKET : La première destination balnéaire de Thaïlande fait face à la réalité, la saison touristique ne signifiera pas un retour des voyageurs internationaux. A l’aune du démantèlement du ‘Modèle Phuket’ et d’un repositionnement de Bangkok comme seule porte d’entrée internationale sur le territoire, les inquiétudes grandissent quant à l’absence de chemin vers le retour à ce qui nourrit Phuket, le tourisme.

Le principal indicateur touristique de l'île est le nombre d’arrivées internationales, et l’Aéroport International de Phuket en est la porte pour 70 à 80 pourcents des visiteurs de la destination. D’après les données de Aéroports de Thaïlande, 121,530 passagers sont arrivés en Septembre. Cela correspond à seulement 4,000 arrivées par jour, dont la plupart sont des locaux ou des hommes d’affaire. Comparé aux chiffres de l’an dernier, le nombre d’arrivées quotidiennes en 2019, en prenant en compte les arrivées internationales, était cinq fois supérieur.

Le directeur du cabinet de consultants de l'hôtellerie C9 Hotelworks, Bill Barnett, comments “Il y a un changement dramatique de la structure du marché où la durée de séjour moyenne dans les hôtels est de 1.8 jours, tandis que les voyageurs étrangers séjournent deux fois plus de temps dans les hôtels. Cela signifie pour les hôtels une demande dangereusement réduite.”

Considérant la saison touristique quand les nombre grimpent en flèche pendant les quatre mois de Décembre à Mars, la dernière saison touristique a compté pour plus d’un tiers de la demande annuelle. Le nombre total d'arrivées nationales et internationales à l’aéroport dépassait les 9 millions en 2019. Ajouter à l’équation de la saison haute les mois la précédant et la suivant, l’impact sur la saisonnalité économique de Phuket se reflète dans le fait que que plus de la moitié des arrivées touristiques sont concentrées sur une période de six mois.

Aujourd’hui, près de deux mois dans cette période, il est évident qu’il sera virtuellement impossible de sauver la saison haute, et en Mai 2021 les hôtels seront forcés de composer avec des chiffres historiquement bas. Avec ces sombres prévisions, C9 prévoit des pertes d’emploi en hausse et toujours plus de fermetures d’entreprises étant donné qu’on ne voit toujours pas de lumière au bout du tunnel de l’épidémie.

“Avec une vue à 360 degrés de la restreinte et unique demande nationale, il faut considérer que l’offre hôtelière de Phuket a continué à augmenter jusqu’à sa taille actuelle de 90,267 chambres dans 1,773 hôtels et établissements touristiques.”

“Les offres moyenne gamme, haut de gamme et luxe représentent approximativement 25% du nombre total de chambres proposées.”

Les données de STR montrent un taux d’occupation à Phuket de 10% en moyenne, avec des pics pendant les weekends. En plongeant dans ces chiffres, la réalité est que les voyageurs nationaux profitent des promotions offertes par les établissements de luxe. Considérant le faible nombre d’arrivées, ce sont les établissements de gammes inférieures, qui constituent la plus grande offre hôtelière, qui font face à un taux d’occupation en baisse. Cet effet domino se poursuivra pendant cette récession et viendra à bout des plus petits établissements et des compagnies touristiques locales.

Alors que le gouvernement maintient Bangkok comme seule porte d 'entrée pour un nombre limité de voyageurs internationaux dans la cadre du programme d’établissements de quarantaine d’état (ASQ), les hôtels de toutes les gammes ne fonctionnent que sous ce schéma. Les données de performance des hôtels de Bangkok communiquées par STR montrent un taux d‘occupation d’un peu plus de 25%, bien que la demande soit globalement plus basse.

A Phuket, de nombreux hôtels plaçaient leurs espoirs de saison haute dans le ‘Modèle de Phuket’ et les touristes STV (Visa Touristique Spécial) long séjour, chose logique quand l'île était réputée pour accueillir les hivernaux d’Europe du Nord et de Russie. Plaçant le programme ALSQ au cœur de la relance du tourisme, 17 hôtels de Phuket ont obtenu cette approbation et 21 demandes sont en cours de traitement. Les établissements qui ont fait l’effort financier pour répondre à ce statut sont maintenant exclus, puisque le gouvernement centralise les arrivées internationales à Bangkok.

Ce qui est insensé est la logique derrière le yoyo politique qui refuse maintenant à l'île un tourisme qui lui est essentiel. Faire appel à des îles balnéaires plus petites semble une stratégie logique d’atténuation des risques qui se retrouvait dans le ‘Modèle Phuket’, et qui n’a finalement jamais été appliqué.

Le moment est venu pour la Thaïlande de regagner la confiance des références internationales, tout comme les Maldives, dépendantes du tourisme. Selon les données du Ministère du Tourisme, en Octobre la destination a enregistré 21,514 arrivées touristiques. Cette tendance est à la hausse en Novembre, alors que le pays a géré en toute sécurité la réouverture de ses frontières mi Juillet. Autre île, Singapour, va lancer prochainement ses ‘bulles de voyage’ vers Hong Kong.

“Perdre la saison haute ne fera qu’augmenter l’impact catastrophique sur les entreprises de l'île et sur la qualité de vie de la majorité de ses habitants. Étant donné l’importance de l’offre hôtelière de l'île, elle ne peut pas survivre uniquement sur le tourisme national, sur des tarifs aériens moins chers, ou par l’ajout de nouveaux jours de congé. Pour Phuket, cette saison touristique, il ne reste plus qu’à attendre et voir ce qui viendra.”

Article original : Bill Barnett / The Thaiger

https://thethaiger.com/news/phuket/phukets-tourism-high-season-hopes-shattered-in-policy-flip-flop