
Les attractions touristiques thaïes désespérément désertes
PHUKET : Le tsunami de 2004 dans l’Océan Indien, la grippe aviaire, le SRAS, les bouleversements politiques, les naufrages, aucun de ces évènements n’a eu des répercussions comparables à l’épidémie de COVID-19 en Thaïlande. Les chiffres du nombre de visiteurs, même ceux très enthousiastes de l’Autorité du Tourisme de Thaïlande (TAT), devraient diminuer de près de 80% cette année. Les 20% restants ont essentiellement visité le Royaume pendant le premier trimestre, avant l’épidémie. L’an dernier, la Thaïlande avait accueilli près de 40 millions de touristes.
Phuket et Pattaya, dont les économies se sont développées sur les dollars des touristes, sont quasiment vides de touristes– quelques centaines de touristes nationaux et d’expats tentent de raviver des économies qui auparavant comptaient sur des milliers d’arrivées quotidiennes.
Lundi matin, à Phuket, seulement trois vols domestiques ont apporté de l’activité à l’aéroport, tous à destination de Bangkok. Des journalistes de The Thaiger ont voyagé sur un vol Air Asia rempli à environ 60% de sa capacité. Même les consultants voyage les plus optimistes se demandent pendant combien de temps encore les compagnies à bas coûts pourront continuer à opérer ces routes avec si peu de passagers, avec si peu de vols, et avec des avions condamnés à prendre la poussière sur les tarmacs des aéroports du pays.
A Koh Samui, la deuxième plus grande île du pays, la situation est encore pire qu’à Phuket et Pattaya, et les plage sont quasiment désertes. Les rues de Koh Samui sont étrangement calmes. Le long de Chaweng’s Beach Road, le célèbre centre touristique, les magasins et les établissements de divertissement fermés s’alignent le long de la plage.
Lors des mois précédents, pendant la saison touristique, Samui grouillait de passants. Maintenant, les chauffeurs de taxi restent assis le long des routes avec peu d’espoirs de voir un client passer. On rencontre plus de chiens errants sur la route de la plage que de chauffeurs de taxi attendant les clients.
Près de 40 millions de touristes ont visité la Thaïlande en 2019, attirés par ses plages spectaculaires, ses superbes temples, sa célèbre cuisine et sa culture exotique. En 2020, le pays va lutter pour en accueillir quelques 20%.
Depuis Avril, la Thaïlande a imposé une interdiction des vols commerciaux internationaux. Depuis Juin, les politiques, impatients de relancer une économie basée sur le tourisme, ont commencé à parler de ‘bulles de voyage’ avec d’autres pays et villes à ‘faibles risques’. Mais le nombre d‘infections des rapatriés thaïs, et la résurgence du COVID-19 dans certains pays considérés auparavant à ‘faibles risques’, a mis en suspens toute réalisation prochaine de ces ‘bulles de voyage’.
Maintenant, les frontières thaïes restent largement fermées à presque tous les étrangers. Les touristes ne sont pas autorisés à visiter le pays et apporter de l'activité dans les bars et les magasins des sites touristiques les plus populaires du Royaume. Tanes Petsuwan, gouverneur adjoint en charge de la communication et du marketing pour la TAT, a indiqué qu’au cours des crises précédentes, le trafic de passagers et les revenus n’avaient baissé que d’environ 20%.
“Cette année, l’épidémie de coronavirus va provoquer une chute de 80% des revenus. L’impact sera énorme.”
Alors que le pays a commencé à réouvrir ses commerces en Mai et Juin lors de plusieurs phases d’assouplissement des restrictions, les établissements ont rapidement réouvert leurs portes en espérant reprendre leur activité. Restaurants, commerces, centres commerciaux, services, même les bars et les pubs ont été autorisés à réouvrir début Juillet.
Mais maintenant beaucoup de ces petits commerces ont ‘refermé’, l’enthousiasme de la réouverture ayant fait place à une réalité dépourvue des flots de clients habituels. Dans les sites les plus touristiques du pays, à Pattaya, à Patong ou à Samui, les centres touristiques ressemblent à des villes fantômes. Dans d’autres provinces du pays, et notamment autour de Bangkok, la vie a rapidement repris son cours, mais cette fois sans touristes étrangers.
Lloyd Maraville, directeur général de Nora Buri Resort and Spa à Samui, a indiqué que sur les 144 chambres que compte son hôtel, une centaine reste vide 100, et 85 le seront encore pendant le prochain weekend de vacances.
“Le gouvernement doit prendre des mesures pour soutenir les hôtels pendant cette période difficile mais ce ne pourra pas être une solution à long terme. Il n’est pas question de songer à des profits en ce moment, nous voulons simplement survivre.”
Le directeur d’un autre resort cinq étoiles de Kata, à Phuket, qui a souhaité rester anonyme, a indiqué que son établissement avait réouvert dix chambres, sous l’instigation du stimulus gouvernemental en faveur du tourisme national, et comptait conserver ces dix chambres ouvertes avec un personnel limité.
“Nous avons loué la plupart des chambres pour ce long weekend mais nous ne savons pas d’où viendront les touristes après ça. Nous devons rester optimistes.”
A Koh Samui, les entreprises se focalisent sur leur survie, et font ce qu’elles peuvent pour trouver assez de clients pour payer les salaires du personnel et la location. Le mois dernier, environ 100 propriétaire d’hôtels ont mis leur établissement en vente à Samui.
Beaucoup d‘autres, à Samui et ailleurs, restent malheureusement fermés indéfinitivement.
Source : The Guardian / The Thaiger / TAT
Article original : The Thaiger
https://thethaiger.com/coronavirus/thailands-tourist-magnets-deserted-and-desperate