La police de Phuket cible les conducteurs sans permis
PHUKET : La police de Phuket a orienté ses efforts afin de rendre les routes de l'île plus sûre en ciblant les conducteurs sans permis, étrangers et thaïs, allant jusqu’à verbaliser les personnes qui ont demandé le renouvellement de leur permis mais doivent encore attendre qu’il expire.
La semaine dernière, un conducteur a été verbalisé d’une amende de B1,000 pour conduite avec un permis expiré, bien qu’il avait pris un rendez-vous pour le renouvellement plus de deux semaines avant sa date d’expiration, mais devant attendre encore trois mois.
Le conducteur a été arrêté à un point de contrôle de la Police de Wichit. Pendant le contrôle, les officiers ont constaté que son permis avait expiré le 23 Avril.
Le conducteur avait pourtant présenté la preuve qu’il avait pris rendez-vous pour le renouvellement de son permis le 7 Avril, 16 jours avant son expiration. Cependant, les créneaux disponibles les plus proches au Bureau des Transports de Phuket (PLTO) n’étaient pas avant le 24 Juillet.
Malgré cela, la Police de Wichit l’a verbalisé pour conduite avec un permis expiré. Interrogé pourquoi, le chef de la Police de Wichit, le colonel Somsak Thongkliang, a simplement répondu par la loi.
“Vous pouvez renouveler votre permis entre trois et six mois avant son expiration.” dit-il. “Si vous ne le faites pas à temps, cela constitue une infraction. Même si vous avez pris rendez-vous, même avec une preuve, cela ne change pas le fait que vous conduisez avec un permis expiré.”
Le chef du PLTO, Adcha Buachan, a admis ce que tout le monde sait déjà ‒ les délais de renouvellement de permis à Phuket sont courants, et cela prend des mois aux conducteurs pour que le PLTO le fasse.
M. Adcha a indiqué que le problème était dû à une demande trop importante et à des capacités limitées. Nous pouvons gérer entre 300 et 400 rendez-vous par jour, mais cela ne suffit pas.” dit-il. “Le nombre de salles d’examen, d’instructeurs et d’équipements de test est insuffisant pour servir la population réelle de Phuket, en comptant la population ‘cachée’ et les résidents étrangers.”
Interrogé au sujet des plaintes disant que de nombreuses personnes se rendaient dans des provinces voisines comme Phang Nga et Krabi pour renouveler leur permis, M. Adcha a répondu “Nous sommes au courant. Nos ressources sont limitées, et nous avons demandé au bureau central à Bangkok d’approuver davantage de centres à Phuket, mais nous attendons.”
En réponse aux allégations disant que les agents bloquaient des créneaux pour les accorder à leurs clients, M. Adcha a éludé la question.
“Ces agents nous aident seulement avec la formation et la préparation des documents. Il faut toujours venir en personne pour faire renouveler son permis et réserver un créneau comme tout le monde.” dit-il.
“Selon la loi, les conducteurs peuvent renouveler leur permis jusqu’à trois mois à l’avance ou un an après son expiration. “Cependant, avec des temps d’attente de plus de trois mois, il est conseillé aux conducteurs de réserver le plus tôt possible afin d’éviter d’avoir des problèmes.” a-t-il ajouté.
En disant que les conducteurs avaient jusqu’à un an après l’expiration pour renouveler leur permis, M. Adcha a évité de commenter l’amende de B1,000 adressée au conducteur malgré un rendez-vous avec le PLTO.
Nouvelle Ligne
Selon le commandant adjoint de la Police Provinciale de Phuket, le colonel Phatsakorn Sonthikun, l’amende aurait pu atteindre B2,000.
“Les autorités vérifient la validité des permis de conduire pendant les contrôles routiers. Si un permis est invalide ou n’est pas présenté, le véhicule est mis en fourrière et le conducteur et la compagnie de location risquent une amende de B2,000.” dit-il.
La Police Provinciale de Phuket a enregistré un total de 5,058 infractions routières entre le 18 Avril et le 15 Mai, la conduite sans permis étant la première infraction avec 3,995 cas, dit le colonel Phatsakorn, également le président du Comité Provincial de Sécurité Routière de Phuket.
Les principales infractions pendant la période sont aussi le non port du casque (672), le non respect des feux de circulation (110), les modifications illégales de véhicule (93), la conduite en état d’ivresse (60), la conduite à contresens (47), le non port de la ceinture de sécurité (40), les dépassements dangereux (32) et l’utilisation du téléphone portable en conduisant (9).
Selon un rapport cité par le colonel Phatsakorn, Phuket Town a enregistré le plus grand nombre d’infractions routières avec 1,426 cas, suivie de Patong (1,031), Chalong (667), Karon (575), Kathu (441), Wichit (356), Cherng Talay (271), Thalang (214) et Tha Chatchai (27), puis des zones plus petites comme Sakhu et Kamala avec respectivement 18 et 32 cas.
En considérant seulement la conduite sans permis, Phuket Town reste en tête avec 1,076 cas, suivie de Patong (861), Chalong (593), Karon (514), Kathu (370), Wichit (257), Cherng Talay et Thalang (145), Tha Chatchai (14), Sakhu (11) et Kamala (9).
Le colonel Phatsakorn pense que les efforts de renforcement de la sécurité routière en ciblant les conducteurs sans permis fonctionnent. Entre le 1er Janvier et le 21 Mai, sur 141 jours, Phuket a enregistré 42 morts et 11,874 blessés sur les routes, soit une moyenne de 84 blessés par jour et un mort tous les trois jours.
“Ces efforts ont contribué à une baisse du taux de mort sur les routes par rapport aux 148 morts et plus de 25,000 blessés sur l’année 2024.” dit-il.
Etrangers
Le colonel Phatsakorn a insisté sur le fait que les touristes étrangers, et notamment les russes qui représentent les premiers en nombre de morts, étaient fréquemment impliqués dans des accidents de la route. Les problèmes les plus fréquents concernent la location de véhicule sans permis et le manque d’expérience de conduite.
“Nous avons vu des touristes avoir des accidents seuls, percuter des locaux ou sortir de la route et mourir.” dit-il. “Donc l’an dernier nous avons lancé un projet pour éduquer les agences de location, en lançant des campagnes publiques de sensibilisation via les consulats, et en installant une signalisation sur les routes et sur les réseaux sociaux.”
A noter, la police a mis en place ces campagnes depuis des années, avec peu d’effet.
Dans cette optique, le colonel Phatsakorn a expliqué que bientôt la nouvelle ‘Safety App’ ‒ un système numérique qui suit les véhicules de location et alerte les propriétaires de véhicule impliqués dans des infractions routières ‒ sera lancée.
“L’application sera lancée en Aout. L’application aidera les officiers à identifier les agences qui ont loué des véhicules à des conducteurs sans permis, permettant des poursuites juridiques plus rapides.” a-t-il expliqué.
“Le système enregistrera les 197 agences de location de voitures légales de Phuket et leurs plus de 2,000 véhicules. Quand une infraction sera constatée, l’application identifiera l’agence responsable et alertera la police et la compagnie.” dit le colonel Phatsakorn.
“Elle permettra de trouver quelle agence a loué le véhicule illégalement et de la tenir responsable. Cela accélèrera les enquêtes et dissuadera les loueurs de louer leurs véhicules à des conducteurs sans permis.”
L’application sera aussi en lien avec les écoles. Si un élève est arrêté pour une infraction routière, le système informera l’école, entraînant des sanctions disciplinaires, a ajouté le colonel Phatsakorn.
Points
Le système du permis à points lancé en 2023 ‒ qui déduit automatiquement des points pour chaque infraction routière ‒ est actif, a bien confirmé le colonel Phatsakorn.
Le chef du PLTO, M. Adcha, a confirmé qu’entre Janvier et Avril cette année, la police avait enregistré 5,922 cas de conduite en état d’ébriété ou de non port du casque.
“Chaque permis dispose de 12 points, avec des retraits pour chaque infection.” dit-il. “Un point est retiré pour les petites infractions comme le non port de la ceinture de sécurité ou du casque, l’utilisation d’un téléphone mobile en conduisant, les excès de vitesse ou le non respect des passages piétons.
“Pour les infractions plus graves, comme franchir un feu rouge ou conduire avec un permis suspendu, le retrait est de deux points.” a-t-il ajouté.
“Les infractions comme la conduite en état d’ébriété, les accidents avec délit de fuite, la conduite dangereuse sous l’influence de drogue entraînent des retraits de trois à quatre points.” dit M. Adcha.
Si un conducteur tombe à zéro point, son permis est suspendu pendant une durée de 90 jours. Après une année, les 12 points sont automatiquement récupérés. Autrement, les conducteurs peuvent participer à des formations du Département des Transports pour récupérer des points plus rapidement, jusqu’à 12 points, selon la durée de la formation et les résultats des tests, dit-il.
M. Adcha d’ajouter qu’il est possible de consulter son nombre de points sur https://ptm.police.go.th/eTicket/ ou sur l’application mobile ‘KHUB DEE’.
Absence de Permis
Cependant, le système de points n’a aucun effet sur les conducteurs sans permis, a confirmé le colonel Phatsakorn.
Par ailleurs, il se plaint du fait que les amendes du tribunal sont trop faibles pour dissuader les conducteurs de récidiver.
“Le code de la route de 1979 est dépassé, les amendes sont trop faibles pour être dissuasives, et beaucoup de gens continuent à conduire sans permis en raison des difficultés bureaucratiques pour en obtenir un.” dit-il.
“La police a reconnu que malgré les points de contrôle, les amendes et les avertissements, le nombre de conducteurs sans permis reste très élevé.” a-t-il ajouté.
“J’ai proposé d’augmenter les unités de renouvellement de permis pour valider les permis directement dans les communautés, mais le PLTO a refusé l’idée.
“Ouvrir de nouvelles branches faciliterait la procédure d’accès aux services des permis. Si le service se rapproche des gens, plus de personnes pourront s’inscrire et obtenir leur permis.” a expliqué le colonel Phatsakorn.
“Aujourd’hui, beaucoup de gens préfèrent payer une amende que de passer une demie journée à se déplacer et attendre d’avoir un permis.” a-t-il ajouté.
Il a aussi proposé d’installer des GPS dans les véhicules privés pour surveiller et verbaliser les excès de vitesse près des écoles et dans les zones urbaines.
“La vitesse tue. Une alerte GPS entraînerait automatiquement une verbalisation via le Département des Transports.” dit-il.
Tribunal
Le colonel Phatsakorn a demandé au gouvernement central de créer un tribunal dédié aux infractions routières à Phuket.
“Avec le système actuel, les contrevenants paient des amendes directement à la police, souvent via leur banque en ligne, et partent sans autre conséquence.” dit-il.
“Aujourd’hui, le Tribunal Provincial Kwaeng de Phuket appliquent les mêmes amendes pour les infractions routières, sans conséquence juridique. C’est pourquoi je demande la création d’un tribunal dédié, ou au moins une nouvelle division au sein du Tribunal Provincial de Phuket, spécialement chargé des infractions routières.” a-t-il expliqué.
Anuwat Nitayawiwat, officier spécialisé à la cour Kwaeng à Phuket Town, a confirmé que le tribunal ne traitait que les affaires graves.
“Nous ne traitons pas les petites infractions, elles sont de la responsabilité de la police. Mais, dans des cas plus graves, comme la conduite en état d’ivresse ou les accidents avec blessés, la cour est saisie.” dit-il.
Pour autant, le colonel Phatsakorn souhaite des poursuites plus sévères contre les contrevenants.
“La vraie dissuasion intervient quand les contrevenants perdent du temps au tribunal, font des travaux d’intérêt général ou risquent l’expulsion s’ils sont étrangers.” dit-il.
“Aujourd’hui personne n’a peur. Nous arrêtons des milliers de personnes, mais le problème persiste.” a-t-il ajouté.
Un tribunal routier, dit le colonel Phatsakorn, aurait l’autorité pour condamner à des peines de prison, des peines de liberté surveillée ou des peines de réadaptation, des mesures qui dépassent la juridiction de la police.
Le colonel Phatsakorn a insisté sur la nécessité d’un tribunal routier à Phuket afin de permettre une application plus stricte de la loi et des condamnations plus sévères.
“En ce qui concerne le durcissement des peines, il faut amender la loi. Le Traffic Act est en vigueur depuis 1979.” a-t-il expliqué.
“Si c’était à la police d’amender la loi, ce serait compliqué. Mais, si nous travaillons ensemble pour obtenir un tribunal routier, ce serait plus facile. Les conducteurs auraient plus peur des peines.” a-t-il ajouté.
“Les tribunaux routiers existent déjà à Bangkok, Nonthaburi et Samut Prakan, où ils traitent rapidement les affaires routières et imposent des peines plus lourdes et plus efficaces. Sans un tel tribunal à Phuket, les conséquences légales pour les contrevenants restent limitées.” a conclu le colonel Phatsakorn.
Article original : Natnaree Likidwatanasakun / The Phuket News
https://www.thephuketnews.com/phuket-police-target-unlicensed-drivers-96649.php