’Bac à Sable’ de Phuket : Une bonne idée qui a mal tourné
PHUKET : Pour Stefanie Korényi, revenir en Thaïlande c’était réaliser un rêve préparé depuis six mois. Elle est arrivée à Phuket le 6 Juillet, et 24 heures plus tard elle a été forcée de quitter son hôtel pour se rendre dans un établissement local de quarantaine (ALQ) car quelqu’un d’autre avait été testé positif au COVID-19.
Avant de quitter l’Allemagne, Stefanie a vendu presque tout ce qu’elle avait pour commencer sa nouvelle aventure en Thaïlande.
“Je me suis préparée pour ce jour pendant six mois et maintenant je suis ici : Le 1er jour de ma NOUVELLE VIE.” écrit-elle sur Facebook.
“Mon scooter : Vendu! Mes meubles : Vendus! Mes vêtements : Vendus! Donnés! Ou Jetés!
“Il ne reste qu’un grand sac de voyage , un sac à dos et un casque. C’est tout ce que j’ai! Je n’ai même plus de clés. Je suis officiellement sans abri.
“Une aventure dont j’ai rêvé toute ma vie. Mais parfois les rêves doivent se réfléchir, surtout des grands rêves comme celui-là. La raison qui me retenait chez moi avant? Hormis mes biens, je laisse aussi des amis et ma famille. La décision n’a pas été facile. Mais je suis d’autant plus contente que je pourrai voir toutes ces personnes qui m’ont accompagnée pendant encore deux semaines. Merci de faire part - et de rester - dans ma vie!” écrit elle.
Aujourd’hui elle est dans un “hôtel de quarantaine” à Phuket qu’elle n’a pas réservé, et paye B52,000 pour ce privilège.
Voici son expérience du ‘bac à sable’ de Phuket :
Une bonne idée…
Au cours des six derniers mois, je me suis préparée sans arrêt à quitter l’Allemagne. D’abord, je veux faire ce qui m’a le plus manqué pendant l’épidémie : Voyager!
Ensuite, je recommencerai à travailler. Heureusement, je peux travailler comme traductrice freelance, comme rédactrice et comme auteur depuis n’importe où tant que j’ai internet.
Il était évident que la première destination devait être la Thaïlande. Depuis la première fois que je suis venue ici il y a dix ans, j’ai adoré ce pays et toute l’Asie du Sud Est. Okay, il y a cette quarantaine, mais *hey*? Si vous prévoyez d’être sur la route pendant une longue période, comme c’est mon cas, 10 jours (à l’époque) ne sont rien! Depuis que je m’embête à dissoudre ma vie et à vendre tout ce que j’ai, je suis contente de cocher une case de ma liste de choses à faire. Donc j’ai réservé un super hôtel ASQ à Bangkok, 10 nuits, et coché la case. Enfin c’est ce que je croyais…
Ce à quoi je n’avais pas pensé était la rapidité avec laquelle les règles peuvent changer. D’abord, la quarantaine a été étendue à 15 jours en raison de l’augmentation du nombre de cas; et des rumeurs sur les premiers touristes ‘bac à sable’. Alors que la rumeur enflait, il était devenu clair : Je vais laisser mon hôtel ASQ prépayé et non remboursable de Bangkok pour réserver un hôtel SHA+ à Phuket. Après tout, 14 jours à Phuket ne me coûtent que quelques euros de plus que cinq jours à Bangkok.
Au tout dernier moment j’obtiens mon Certificat d’Entrée (COE) et embarque depuis Francfort pour Dubai et Phuket.
Qui a mal tourné…
Tout aurait pu être tellement bien! Le vol Emirates entre Francfort et Dubaï est très relaxant. Seulement un tiers des sièges occupés. J’ai toute une rangée pour moi même, je peux m’étaler et profiter du vol. La deuxième partie du voyage était similaire à la première… jusqu’à ce qu’une superfamille arabe m’encercle… Devant moi un couple avec un bébé, dans les deux rangées du milieu à côté et devant moi 4 personnes et à côté de moi un jeune homme, peut-être la vingtaine, qui me paraît spontanément peu attrayant avec son masque sous le nez. Je pense à demander un autre siège, mais l’avion est quasiment plein maintenant… J’aurais dû le faire!
Une fois arrivée à Phuket, les choses continuent à se passer très bien. Mes documents sont vérifiés trois fois, puis je récupère ma valise, et avant j’ai eu le premier test PCR, puis je sors. Toute la procédure dure moins d’une heure. Mon chauffeur m’attend déjà devant la porte pour me conduire dans mon hôtel SHA+ de Rawai Beach. Jusqu’au retour du résultat des tests, je dois rester dans ma chambre. Mais la chambre est belle, le balcon surplombe la piscine, le minibar est bien achalandé et de toute façon je suis fatiguée.
Le lendemain matin le résultat de mon test est prêt (environ 18 heures plus tard) : négatif. Mes vacances peuvent commencer! Avec mon scooter de location je vais d’abord à Nai Harn Beach et au Windmill Viewpoint. Dans l’après midi je me détends à la piscine avec une délicieuse Chang en compagnie de deux israéliens au bar de la piscine. Je me prépare pour le dîner quand mon téléphone sonne…
A risque…
A l’autre bout de la ligne une femme de la réception. Je suis une personne à risque de contact avec un passager du vol EK378 Dubaï - Phuket arrivé à Phuket le 6 Juillet à 12h30, testé positif. Mon dîner est annulé, à la place on me transfère dans un ALQ. A mes frais, bien sûr! Le problème c’est que la plupart des hôtels de Phuket ont cessé leurs opérations de quarantaine pour le modèle du ‘bac à sable’. Donc il y a très peu de choix.
En fait, je m’attendais à ce que les autorités de santé, le CCSA, m’attendent à la réception. Mais non. J'étais pratiquement livrée à moi-même. Les instructions d’aller dans un ALQ ont été transmises à l'hôtel. Aucune aide des autorités! Nul. Zero. Rien. L’ambassade d'Allemagne et le consulat honoraire à Phuket restent silencieux.
Heureusement, la réceptionniste a été très gentille (merci Rawai Palm Beach Resort!!!!) et a appelé tous les hôtels pendant deux heures pour m’aider. La seule option tout juste abordable était un hôtel de Patong. Et par “tout juste” je veux dire, j’ai d’abord dû transférer de l’argent de mon compte épargne sur ma carte de crédit. Puis en seulement deux heures les B15,000 prévus sont devenus B52,000 pour deux semaines. Je me demande ce qu’ils font avec les touristes qui ne peuvent pas dépenser 1000 euros de plus? Ils vont en prison? A l’hôpital?
Je n’ai qu’une heure pour faire mes bagages, et le van de la sécurité m’attend devant la porte. Le conducteur, masqué, et son collègue’ me conduisent à l’ALQ - avec une vraie distance entre nous. Une fois là-bas, je reçois un accueil charmant. Tout le monde était désolé pour moi! Mes bagages sont montés dans ma chambre, où mon dîner m’attend déjà. Dans une boîte en plastique. Froid. C’est ce que j’aurai tous les jours maintenant, matin, midi et soir. Des repas peu appétissants dans des boîtes en plastique. La chambre est… classe moyenne. Bien en dessous des standards de mon hôtel original. AU moins j’ai un balcon. Le personnel est très gentil et serviable, en tout cas la plupart du temps. On m’a apporté un matelas de plage pour faire de l'exercice, un ventilateur car la climatisation était trop bruyante pour que je puisse dormir, et des boissons du 7-Eleven. Internet est un désastre, mais on m’a promis une carte SIM avec Internet illimité. Heureusement elle est arrivée plus vite que le papier toilette :-D
Les jours 6 et 13, d’autres tests PCR sont réalisés. Espérons qu’ils seront négatifs et que je n’aurais pas à échanger le confort rudimentaire de cet hôtel à celui d’un hôpital.
Conclusion
Aux voyageurs prévoyant de rester plus de trois semaines, le modèle du ‘bac à sable’ reste une bonne alternative à la quarantaine en ASQ/ALQ.
Les touristes qui souhaitent rester seulement une, deux ou trois semaines doivent savoir que si quelque chose se passe mal, vous passerez vos vacances dans votre chambre d’hôtel au lieu de sur la plage. Les chances sont minces, mais, comme vous le voyez avec moi, ça arrive.
Si jamais ça devait se passer, les frais augmentent rapidement jusqu’à trois fois plus!
Ce que je ne comprends pas :
a) Pourquoi il n’y a aucune aide des autorités?
b) Pourquoi ça doit être 14 jours complets? Quelles chances y a t il que moi, vaccinée, j’infecte quelqu’un après un second test négatif?
Article original : The Phuket News
https://www.thephuketnews.com/phuket-sandbox-good-idea-gone-wrong-80641.php