Lancement d’une nouvelle association pour lutter contre le tourisme de masse
PHUKET : Un nouveau consortium international appelé ‘World Tourism Association for Culture and Heritage’ (WTACH) a été créée afin de protéger les cultures locales, l’héritage et les sites historiques mis en péril par le tourisme de masse.
Tourisme, Environnement, Économie, Ressources naturelles, Pollution,
Cette nouvelle association promouvra des pratiques éthiques et une meilleure gestion vis à vis des cultures et des héritages qui étouffent en raison de l’augmentation non contrôlée du nombre de visiteurs.
WTACH encouragera la création de pratiques durables dans les destinations qui sont encore en ‘phase de développement touristique’, précise le communiqué annonçant la création de l’association.
La création de WTACH intervient alors que l’UNWTO indique que le tourisme international a atteint 1.4 milliards de voyageurs en 2018, soit deux ans avant les prévisions établies. L’économie mondiale a augmenté de 3.7% en 2018, indique l’UNWTO, prévoyant ainsi que le tourisme international augmentera de 6% cette année.
Pour atteindre son but, WTACH s’est créée autour de 15 spécialistes issus de parcours divers liés aux domaines de la culture de l'héritage et du tourisme. L’association travaillera avec les destinations qui souhaitent de l’aide ou qui veulent mettre en place des plans d'action avant qu’il ne soit trop tard.
Le fondateur et directeur de WTACH, Chris Flynn, ancien directeur de la région Pacifique de l’Association des Voyages Pacifique-Asie, dit que les destinations émergentes du tourisme ont besoin d’aide. Alors que le tourisme de masse crée des abus dans les pays économiquement développés et hautement régulés, Flynn précise que l’impact du tourisme de masse est bien plus dévastateur dans les pays moins développés.
“WTACH travaille avec des ‘destinations’ pour leur apporter des stratégies et des un cadre législatif ainsi que des recommandations permettant d’éviter une ‘débâcle touristique’ comme nous pouvons les constater à Angkor Wat, à Koh Phi Phi ou sur le Mont Everest” dit Flynn.
La position de WTACH est que le tourisme doit respecter les communautés, leur culture et leur héritage.
“Il est temps que l’industrie touristique prenne du recul et regarde sur le long terme l’impact de ses décisions” dit Flynn.
Carolyn Childs, directrice de MyTravelResearch.com et membre du comité de WTACH spécialisée dans l’analyse des données et des tendances, indique qu’il n’est pas anecdotique que WTACH voit le jour à l’heure de la culture des ‘selfie’ et des voyages ‘Instagramable’.
“Une simple image peut créer une destination en un instant” dit Childs.
“C’est encore plus vrai si cette image va à l’encontre des valeurs culturelles. Alors le tourisme perd sa ‘licence sociale’ auprès des communautés. Ironiquement, ces ‘instadestinations’ détruisent tout ce que les voyageurs viennent y chercher” avertit elle.
Le désir d’authenticité est également problématique. Childs cite une étude réalisée par AirBnB qui montre que 80% des millennials (et 93% des millennials chinois) cherchent une expérience “unique” et veulent “vivre comme les locaux” pendant leurs vacances.
“La pression exercée sur ces destinations et sur les tour operators pour trouver et monétiser l‘unique’ et l‘authentique’ ne fera qu’augmenter à mesure que les voyageurs millennials et les voyageurs matures continueront avec leurs listes ‘j’y suis déjà allé, je l’ai déjà fait’” dit elle.
“Avoir de bonnes pratiques en place aidera les communautés et les touristes. Elle permettent un développement durable des destinations et des expériences vraiment enrichissantes” poursuit elle.
Par ailleurs, WTACH pense que les destinations ne doivent plus faire du nombre d’arrivées leur unique priorité.
La nouvelle association est très inquiète par la Turquie, par exemple, qui a décidé d’augmenter le nombre d’arrivée de touristes de 40 millions en 2018 à 70 millions d’ici à 2023 – soit en moins de quatre ans.
“Quelles mesures de protection culturelle ont été mises en place?” demande Flynn. “Les communautés locales ont elles été consultées?”
“Chez WTACH nous savons qu’il y a une solution. Nous recherchons maintenant des organisations et des individus de même sensibilité pour nous aider à faire avancer le tourisme responsable” dit il.
Article original : Bangkok Post / The Phuket News