
Comprendre le concept thaï de dot
PHUKET : Une méconnaissance des traditions du mariage thaï a pratiquement ruiné la relation entre deux de mes clients.
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Je représentais un américain dans ses démarches pour obtenir un visa de mariage
pour sa fiancée thaïe. Une fois le visa obtenu, sa fiancée a demandé 200,000 bahts
destinées à sa famille avant de partir pour les USA. L’américain s’est alors
indigné et m’a demandé d’annuler le visa qui était destiné à sa future.
Mon client n’a pas compris le concept thaï de sin sod (dot). Sin sod est une tradition thaïe qui a une
signification différente pour chaque famille. Traditionnellement, une sin
sod représente la valeur que le futur époux ‘investit’ dans la fille de la
famille Elle est négociée entre le futur époux et les parents de sa future
femme. Le montant de la dot est représentatif de sa capacité à supporter financièrement
la fille de la famille.
Pour les familles pauvres, la perte d’une fille est également la perte de
quelqu’un qui peut aider financièrement la famille. Pour les femmes provenant
de familles plus riches et plus instruites, la sin sod représente la capacité du futur mari à
offrir un statut social au moins équivalent à la fille de la famille.
Selon la situation financière de la famille, la dot peut être rendue au couple
pour débuter leur nouvelle vie ensemble. Pour les femmes issues de familles
rurales, il ne faut généralement pas s’attendre à ce que la sin sod soit rendue après le mariage.
Cette tradition est reconnue
par la loi thaïe. Les sections
1437 à 1447 du code civil thaï et du code commercial définissent les aspects légaux
de la sin sod et de la khongman (un
cadeau du mari a sa future femme prouvant que le mariage aura bien lieu). Selon
la loi thaïe, des fiançailles ne sont pas valides tant que l’homme ne donne ou
transfert pas un de ses bien à sa future femme avant le mariage.
Selon la section 1438, des fiançailles acceptées n’engagent pas l’homme ou la
femme à se marier. Il ne peut pas y avoir d’accord de l’une des parties à payer
des compensations si le mariage n’a pas lieu. Une fois les deux personnes fiancées,
il doit y avoir une explication raisonnable pour annuler ce mariage.
Si l’annulation du mariage est le fait de la femme, l’homme peut légalement réclamer
le remboursement de la khongman de la part de la femme ainsi que le
remboursement de la sin sod de la part
de sa famille. Si l’annulation du mariage est le fait de l’homme, alors la
femme conserve la khongman et la famille la sin sod.
Des fiançailles ne sont pas impératives avant un mariage. Cependant, un
engagement rompu peut mener à un procès contre la partie rompant l’engagement.
Des compensations peuvent alors être exigées pour avoir rompu l’engagement. Ces
compensations peuvent inclure des dommages et intérêts pour avoir terni la réputation
de la partie ayant maintenu ses engagements, pour compenser des dépenses déjà réalisées
en vue du mariage, et pour avoir laissé croire à l’arrivée de revenus en
anticipation du mariage. L’engagement n’est pas considéré comme rompu si l’une des
parties décède.
L’amour est aveugle.
Lorsque deux personnes décident de se marier, les différences familiales et
culturelles se révèlent au grand jour. La relation ne concerne plus seulement
deux personnes, mais deux familles et deux sociétés. Il est très important d’éviter
toute confusion ou méconnaissance qui peuvent créer un conflit culturel lorsque
l’on rencontre la famille de sa fiancée thaïe.
Une méconnaissance de la culture et des coutumes thaïes peut conduire à une
rupture. La colère de mon client s’est apaisée lorsque je lui ai expliqué la
tradition de la sin sod. Il était désolé de ces paroles et de sa réaction
envers sa fiancée et sa famille. Il s’est excusé et le couple est maintenant sur
le point de se marier aux USA.
Cela aurait pu être évité s’il avait pris soin d’apprendre les traditions thaïes
avant de décider de se marier.
Article original : Robert
Virasin / The Phuket Gazette