A Phuket, les clients des hôtels renoncent au plastiques
PHUKET : Pour les millions de vacanciers qui viennent à Phuket chaque année en quête de magnifiques plages et d’eaux translucides, la réduction des déchets plastiques n’est pas une ‘top priorité’.
Mais l’Association des Hôtels de Phuket (PHA) espère changer cela grâce à une série d’initiatives visant à réduire l’utilisation du plastique et limiter les quantités de déchets qui s’échouent sur les plages en sensibilisant le personnel des hôtels, les populations locales et les touristes.
“Les hôtels non contrôlés sont de gros consommateurs de plastiques à usage unique” a déclaré Anthony Lark, président de PHA et directeur exécutif de Trisara Resort.
“Chaque resort d’Asie du sud est a un problème avec le plastique. Jusqu’à ce que nous fassions tous un effort, les choses ne feront que s’empirer” a t il dit auprès de la Fondation Thomson Reuters.
Etabli en 2016 et comptant près de 70 membres – dont tous les hôtels cinq étoiles de Phuket – l’association a érigé en priorité la lutte contre les problèmes environnementaux.
L’an dernier le groupe a étudié l’utilisation des plastiques par ses membres puis a commencé à réfléchir à la manière de réduire cette ‘empreinte plastique’.
Ainsi, il y a trois mois, l’association a décidé de progressivement réduire son usage de plastiques, et de mettre en oeuvre un plan d’arrêt de l’utilisation de bouteilles en plastique et de paille d’ici à 2019.
Il y a environ cinq ans, le resort de Lark, qui comprend près de 40 villas, jetait dans une décharge quelques 250,000 bouteilles en plastique par an. Maintenant, il utilise des bouteilles en verre, réutilisables.
L’association ds hôtels a également collaboré avec le A Plastic Ocean, producteur de documentaires, et présente à ses employés une édition sous titrée en thaï.
Par ailleurs, le personnel des hôtels et les élèves et étudiants prennent régulièrement part à des activités de nettoyage des plages.
“Au lieu de voir les directeur se retrouver pour boire un verre, l’association participe à de nombreuses activités auprès des communautés” dit Lark.
Phuket, tout comme Bali en Indonésie et Boracay aux Philippines, est devenue une destination de premier choix en Asie du sud est - et fait donc face aux mêmes challenges.
D’une taille similaire à Singapour et situé au coeur géographique de l’Asie du sud est, Phuket est facilement accessible pour les touristes chinois, malaisiens et australiens.
Avec ses plages de sable blanc et sa vie nocturne débridée, Phuket accueille près de 10 millions de visiteurs chaque année, et est un élément essentiel de l’industrie du tourisme thaïe.
Populaire auprès des vacanciers et des retraités, Phuket – comme beaucoup de resorts en Asie du sud est – doit faire face au problèmes de circulation, à une mauvaise gestion des eaux usées et une mauvaise gestion des déchets.
Malgré ces problèmes persistants, les hôtels de la région doivent suivre la direction prise par Phuket et prendre des mesures afin de réduire leur dépendance aux plastiques, a déclaré Susan Ruffo, directrice du groupe américain Ocean Conservancy.
A travers le monde, ce sont entre 8 et 15 millions de tonnes de plastiques qui sont jetés à la mer chaque année, et qui contribuent à tuer les animaux marins et s’insèrent dans la chaîne alimentaire humaine, a rappelé un envoyé des Nations Unies.
Une étude de Ocean Conservancy a révélé que cinq pays d’Asie – la Chine, l’Indonésie, les Philippines, le Vietnam et la Thaïlande – sont responsables de 60% des déchets plastiques rejetés dans les océans.
“Créateurs et victimes de ces déchets, l’industrie hôtelière a beaucoup à gagner à faire des efforts pour contrôler ses propres déchets plastiques et à faire en sorte que ses clients fassent de même” dit Ruffo.
“Nous souhaitons que plus de resorts prennent des mesures, mais il y beaucoup d’autres choses à faire, notamment s’assurer que les déchets sont correctement collectés et recyclés” ajoute t elle.
Les chiffres sur les quantités de plastiques utilisés par les hôtels sont difficiles à trouver. Une étude de The Travel Foundation, organisation caritative britannique, publiée en 2011, montre que les emballages représentent près de 40% de ces déchets.
Les bouteilles d’eau et de shampooing, les brosses à dent et les emballages de nourriture des ‘room service’, tous ces plastiques sont à usage unique.
Auparavant, l’industrie hôtelière a étudié la manière de réduire sa consommation d’eau et d’énergie, indique Von Hernandez, coordinateur du mouvement Break Free From Plastic à Manila.
Maintenant les hôtels focalisent leur attention sur les plastiques à usage unique.
“De nombreux hôtels font un bon travail”, ils adoptent des mesures afin d’éliminer ou de fortement réduire leur empreinte plastique, poursuit Hernandez.
Mais les hôtels d’Asie du sud est doivent aussi faire face à une très mauvaise gestion des déchets et des infrastructures peu développées ou inexistantes.
“J’ai vu des resorts à Bali payer des employés pour ratisser la plage tous les matins afin de se débarrasser des plastiques, mais une fois ramassé soit ils creusent un trou et les enterrent soit ils les brûlent sur la plage” dit Ruffo. “Ce ne sont pas des solutions efficaces, et cela engendre d’autres problèmes”
Les hôtels doivent utiliser des récipients d’eau réutilisables et des ‘points de remplissage’, ils doivent donner à leurs clients des pailles et des brosses à dent en métal ou en bambou, ils doivent remplacer les bouteille de savon et de shampooing à usage unique par des bouteilles réutilisables.
“Avec le temps, cela leur permettra de faire des économies” dit Hernandez. “Cela aidera à changer l’état d’esprit des clients, qui quand ils rentreront chez eux, auront été sensibilisés”
Pour en revenir à Phuket, le PHA explore des moyens de réduire encore plus les déchets plastiques, et organisera un forum régional de sensibilisation environnementale le mois prochain.
Le groupe espère que grâce à ce qu’il a appris au cours des deux dernières années, il pourra mettre en oeuvre des projets dans d’autres resorts d’Asie du sud est et auprès des communautés.
“Si les 20,000 employés de nos hôtels rentrent chez eux et sensibilisent leurs parents au recyclage ou à la réutilisation, cela fera une énorme différence” dit Lark.
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Article original : Thomson Reuter Foundation / The Phuket News